|
|
| Auteur | Message |
---|
Upton Kadebe Membre this is africa ❖ AGE : 25 ans ❖ ORIGINES : Sud-Africaine ❖ JOB : Agent de sécurité ❖ STATUT : Célibataire
❖ MESSAGES : 394 ❖ À J-BAY DEPUIS : 09/01/2014 ❖ CRÉDITS : tumblr + yourdesigndiary ❖ DC : Calliope ❖ POINTS : 60
| Sujet: Nuits Fauves. Marian Sam 26 Avr - 19:24 | |
| Apparition.
Ce soir, c’est la pleine lune. Peut-être que ça explique pourquoi je me suis retrouvé dans cette situation, à devoir chercher une station-essence d’ouverte, qui prenne du liquide, alors qu’il est deux heures du matin passées. Parfois, on fait des choix, on se retrouve dans des situations bizarres à cause de ces mêmes choix, mais on ne peut remettre la faute que sur nous-mêmes. Parfois, on n’a simplement pas le choix. Parfois, on conduit une voiture du prix d’une maison alors qu’on n’a même pas le permis. J’avais échoué dans une station miraculeusement ouverte. Enfin, tout du moins était-elle éclairée. Faut croire que ça existe toujours, ce genre d’endroits. Dans les recoins paumés des villes, les quartiers oubliés, les culs-de-sac mal indiqués. Si ça se trouve, j’étais perdu, je nageais en plein rêve, mais la fatigue continuait à baisser mes paupières. Bizarrement, je passais inaperçu. Peut-être parce que c’était la nuit, que les bâtiments cachaient la lune, que j’étais noir et que j’étais au volant d’une voiture tout aussi noire. Fatalement, je passais inaperçu. Je sortais de la voiture, probablement maladroitement garée, et entrais dans la station. Le genre qui vend les mêmes produits depuis l’aube des temps, des produits d’entretien de voiture que personne n’achète jamais, de la bouffe probablement avariée – que ce soit à cause de la date de péremption ou de la chaleur qui fait tourner n’importe quel aliment. Quoi qu’il en soit, je m’étais attendu à trouver un vieux bonhomme croulant et à moitié –voire totalement- endormi derrière son comptoir … certainement pas face à une fille qui paraissait plus jeune que moi. Une légère musique filtrait des haut-parleurs invisibles, je dépassais les deux pauvres rayons qui croulaient sous leurs marchandises afin d’arriver au comptoir. - Bonjour, euh … pour le plein, c’est vous qui vous en chargez ? Parce que j’ai jamais fait de plein de voiture, et je ne sais même pas quoi mettre dans cette foutue voiture … Probablement que des billets. On glisse les billets de 100 dans le réservoir et ça marche. Enfin … mettre de l’essence dedans revenait quasiment au même. Elle était jolie. Comme un coquillage épargné sur une plage recouverte de mazout. Ce qui était un peu le cas, une station-service n’étant pas un modèle de propreté. Ou peut-être que si, mais personne n’y fait jamais attention. Et puis il était deux heures du matin, c’est pas maintenant que j’allais commencer à faire attention. |
| | Marian Blue Membre this is africa ❖ AGE : Vingt-trois. ❖ ORIGINES : Anglaise. ❖ JOB : Pompiste de nuit. ❖ STATUT : Célibataire.
❖ MESSAGES : 22 ❖ À J-BAY DEPUIS : 06/04/2014 ❖ CRÉDITS : yourdesigndiary ❖ POINTS : 12
| Sujet: Re: Nuits Fauves. Marian Sam 3 Mai - 2:16 | |
|
Dernière édition par Marian Blue le Lun 2 Juin - 18:11, édité 1 fois |
| | Upton Kadebe Membre this is africa ❖ AGE : 25 ans ❖ ORIGINES : Sud-Africaine ❖ JOB : Agent de sécurité ❖ STATUT : Célibataire
❖ MESSAGES : 394 ❖ À J-BAY DEPUIS : 09/01/2014 ❖ CRÉDITS : tumblr + yourdesigndiary ❖ DC : Calliope ❖ POINTS : 60
| Sujet: Re: Nuits Fauves. Marian Dim 4 Mai - 17:32 | |
| Black flash.
Certaines choses sont inaliénables. Elles ont toujours fait partie du paysage, et on ne les envisage nulle part ailleurs. Un meuble usé chez ses parents, des sentiments édulcorés, même la violence est associée au Cap et à ces townships. Certaines choses ont toujours existé, et on ne se voit pas vivre sans. Jusqu’au jour où on vit sans. Le changement n’est ni bon ni mauvais, en revanche, impossible d’y échapper. Mais trouver une blanche plus jeune que moi, en pleine nuit derrière ce comptoir, c’était peut-être y aller un peu fort. Ils n’ont beau représenter que dix pour cent de la population du pays, à J-Bay ils fourmillent dans tous les coins, que ça en est épuisant. Un jour, je cesserai de m’étonner. Et innocemment, je lui demande si c’est elle en charge des pleins d’essence. Je n’y connaissais strictement rien, en l’absence de permis … Et mon Dieu, elle avait un caractère farouche de noire sous ses traits de blanche. Pas une Afrikaner – il y a de fortes chances qu’elle aurait parlé Africaans autrement, et l’insulte aurait été encore plus magnifique. Mais même en anglais, elle me renvoya direct quelques années plus tôt, en plein cœur de mon quartier natal, au Cap. A Jeffreys, je n’avais pas été apostrophé de la sorte par une fille plus jeune que moi, ce qui se confirma lorsqu’elle se tourna enfin, et que je pus voir son visage. Non, elle me rappelait d’anciens amis, avec qui on jugeait au faciès la vie des blancs que l’on croisait au Cap. Mais cette fille, ouais … elle avait un caractère bien trempé. Il en fallait pour tenir un truc comme ça en pleine nuit, seule. Ou pas. Si ça se trouve, elle avait juste ses règles. N’empêche, j’en restai stoïque. Ne rien répondre, ne rien répondre, ne rien répondre, ne rien répondre.
C’est alors qu’elle devint plus petite, quand je surpris son regard sur moi. C’était un sentiment bizarre, mais je sentais que toute son assurance, et/ou quoi que ce soit, s’était envolé. Tout s’était évaporé, ne laissant derrière le comptoir qu’un ramassis de sentiments. Un cœur entier, à peine ébréché, alors je priais pour que ce cœur ne s’arrête pas de battre subitement. Je n’osais pas bouger, comme un lapin encerclé, de peur que quelque chose se brise, de peur d’avoir fait quelque chose de mal. Et quand j’entendis ce mot, ce prénom, je ne pus m’empêcher de lever les sourcils sur les absurdités. Tobias ? Genre, Tobias Lamb, mon patron, celui-là même qui m’avait expédié à la recherche d’une station-essence en pleine nuit ? Mais comment … Ou alors elle me prenait pour un autre Tobias, ce qui expliquerait l’air étonné et les étoiles dans ses yeux – parce que bon, Lamb pourrait plutôt être son père, et un père ne fait pas briller les yeux de sa fille comme ça. Enfin, je crois. J’évitais de me perdre plus dans mon imagination impliquant mon patron et cette inconnue, et décidais de parler – prudemment, très, très prudemment. - Tobias … qui ? Je n’aimais pas briser des rêves ou des espoirs fous de parfaits inconnus, mais c’est ce que je venais de faire, il me semble. L’envie avait dégouliné sur son visage, et la source s’était tarie. Bonjour, réalité. Il n’est que deux heures du matin, il faut s’accrocher, il est déjà deux heures du matin, il faut faire vite. Mais les espoirs sont vains et il faut se reprendre. - Donc, euh … Je vous demandais si vous faisiez les pleins d’essence vous-même. Je me tournais légèrement vers là d’où je venais, vers l’extérieur, un doigt pointé probablement vers la voiture qui m’attendait dehors. |
| | | Sujet: Re: Nuits Fauves. Marian | |
| |
| | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|