«  CAM ! Tes chaussettes ! » Je me marre. Elle est chiante. Oui j’aime le bordel and ? Toute façon je n’ai pas envie de ranger, là de suite. Parce que comme un con je suis tombé sur des photos que je n’avais pas vues depuis une éternité. Réa et moi. Elle fait une grimace, tire la langue et je lui fais des oreilles d’âne. On sourit, sort of. Le bon temps. Je range lz photo et tente maladroitement de ranger la boite, et comme d’hab, ça tombe sur le sol. Elie vient derrière moi et la range sans un mot. Oh elle sait à quel point je gais qu’elle fasse des commentaires. Je prends ma veste, l’enfile et sort de cette fichue baraque dans laquelle j’étouffe. «  Je sors. » Oui ça elle l’a sans doute vu. Elle ne vient pas, d’habitude elle me suit. Elle a compris, je veux être seul. J’arrive dans le bradsbury. Le nom m fait toujours marrer. Il me fait penser à elle. Même si je sais qu’il ne s’agit que d’une coïncidence. Vous me direz, les médocs plus l’alcool, bad mix. Mais je les prends pas alors tout va bien, right ? Je demande un scotch. On me sert le verre et je regarde le verre, puis part dans mes pensées.

«  Réa, tu sais très bien que je mettrais pas..ça. Dis-moi que tu plaisantes. Allez.. Non je ne mettrais pas cet accoutrement. Merde réa, j’aurais l’air d’un pingouin ! » Et j’avais fini, en pingouin, dans un event dont je ne savais rien et dont je me foutais royal. Tout ça pour que réa s’entretienne avec je sais pas qui ou vole un truc, je m’en souviens pas. Elle arrivait à me faire faire tout et n’importe quoi. La barmaid est sexy, elle me file son numéro au bout de trois verres, je souris. « Désolé, tu comprendras vite qu’il faut pas m’approcher, j’attire les emmerdes. La dernière a fuit. Après si t’es assez dingue pour tenter.. » Elle sourit, me file le numéro de sa chambre à l’hôtel et va servir d’autres clients. Une brune est là, dos à moi, alors que je viens de demander un autre verre. Je compte en boire beaucoup. Ya que comme ça que je peux m’envoyer des filles. Parfois, je la vois elle, sur moi, c’est pathétique. « Bon vous comptez me servir ? Parce que la ptite blonde, elle était partante.. Jalouse ? A trois ça me semble tout aussi.. » Ma connerie s’arrête immédiatement quand je comprends qui j’ai en face. Quel idiot, ce nom, n’est pas anodin c’est le sien, et j’ai foncé tête baissé comme un idiot. « Heu. Je crois que j’ai assez bu. Bonsoir. » Pas de comment ça va, rien parce que mon passé reste mon passé, et qu’il reste où il est. Je m'approche de la blonde et lui glisse à l'oreille que j'attends la fin de son shift. Je me dirige vers la sortie.

moi mon cœur est chrysanthème et mon âme est triste.
Se lever aux aurores, avoir un business à faire marcher, assumer des responsabilités, ce sont autant de petites choses auxquelles je ne parviens toujours pas à vraiment m'habituer. Je goûte à une autre sorte de bonheur, plus simple, bercé d'une ambiance chaleureuse, débordante d'une étrange sincérité. Il m'a fallu du temps pour ne plus voir chaque client comme une victime potentielle. Même si mes bons vieux réflexes sont toujours là, que je ne peux pas m'empêcher d'arnaquer les parieurs autour d'un concours de shots, ou de chaparder dans les poches les plus tentantes, mon train de vie n'est plus le même. Parce que j'ai renoncé à une quantité d'avantages en abandonnant le milieu pour devenir une personne honnête non seulement parce que je commençais à me faire un peu trop connaître par les services de police mais aussi parce que le souvenir de la prière de Cameron m'a toujours collée au corps, comme si je lui rendais hommage, en quelque sorte, en réalisant ce qu'il voulait vraiment.
Le bar résonne d'éclats de voix, de rires, des intonations particulières de l'afrikaans mêlé à un anglais déformé par les expressions locales. Ça grouille de monde, d'une chaleur agréable. Je revois des visages réguliers, d'autres qui mettent les pieds au Bradburys pour la première fois. J'arrive alors que la soirée est bien avancée, j'ai confié le bar à Luke le temps de régler quelques affaires et c'est avec un soulagement non feint que je constate que les lieux sont encore debout. Je prends place derrière le comptoir après avoir salué des habitués. Bon vous comptez me servir ? Parce que la ptite blonde, elle était partante.. Jalouse ? A trois ça me semble tout aussi.. Je ne me retourne pas de suite, parce que si ma première pensée est de remettre à sa place celui qui vient de me parler sur un ton plus que déplaisant, la seconde me frappe violemment, parce que je connais cette voix. Je sais que c'est impossible, mais je savoure un instant l'amertume de mes souvenirs. Je finis par me retourner et... et je reste interdite, à fixer l'homme qui se trouve devant moi comme s'il s'agissait d'un fantôme, comme s'il pouvait s'évaporer d'une seconde à l'autre. Sauf qu'il est tout ce qu'il y a de plus réel. Heu. Je crois que j’ai assez bu. Bonsoir. Il est vivant. Je sens des larmes me piquer les yeux alors qu'il prend la direction de la sortie, sans même m'avoir accordé une réelle attention. Il est vivant. Et à la joie se mêle un terrible sentiment de trahison. Je crois à sa mort depuis presque trois ans. J'ai fait le deuil d'une personne bien vivante, je me suis battue contre mes démons, contre ma culpabilité et la douleur de comprendre la force de ce que j'avais pu ressentir pour lui. Je traverse la salle à grandes enjambées, et le pousse à se tourner vers moi. Je ne parviens même pas à sourire, bouffée par la colère qui s'empare violemment de moi et je le gifle, là, au milieu du bar. Faisant fi des regards tournés vers nous, je l'attrape par le bras et l'emmène à l'extérieur. - Mort. Tu étais mort, et... et tu t'amuses à venir boire un coup dans mon bar ? À venir draguer mon personnel ? C'est la meilleure façon que tu as trouvé pour faire ton retour parmi les vivants ou c'est simplement pour le plaisir de te foutre de ma gueule !? Ma voix se brise, mais je ne me démonte pas, énervée comme je ne l'ai pas été depuis des années. - J'ai une furieuse envie de te renvoyer en enfer. que j'ajoute, les lèvres tremblantes. Je serre les poings, bouillant d'envie de les abattre sur son torse.

Je savais que venir ici était une mauvaise idée. Très mauvaise idée. Je ne savais pas, j’aurais dû savoir que c’était son bar. Mais je n’avais pas imaginé la revoir ici, tenant un bar, ou la revoir tout court tiens. Je me barre parce que la voir ne ramène aucun bon souvenir à ma mémoire, et si je reste je risque de boire plus que de raison, en plus ma cheville me fait mal. Andy avait raison, je devrais rester chez moi parfois, ça m’éviterait tout ce qui me tombe sur la tronche. Je ne veux pas lui parler, encore moins plonger mes yeux dans les siens, parce que ca fait mal et que je ne veux plus rien ressentir. Elle me fous une baffe, je manque de m’étaler. Elle me choppe le bras et m’emmène à l’extérieur, le mauvais bras. La douleur me traverse le corps, je retire violemment mon bras. « Putin tu me fais mal espèce de folle. Mort ? Comment ça mort ? J’aurais préféré. Au passage si tu pouvais éviter de me toucher là. Genre jamais ? »Je frottais ma main, pas parce que je pouvais plus l’utiliser qu’elle était insensible. Je finis par m’installer sur un muret. Je soulevais mon pantalon légèrement et me frottais la cheville. Heureusement que je n’étais pas tombé. Putin qu’est ce que je foutais là. Je ne tenais pas debout et je venais là où comme d’habitude je bois, trop. Avec ou sans Réa je risquais de finir à l’hosto. Pourtant je m’en foutais, d’habitude. Mais la voir était bien plus dur que je le pensais. Je me mis à rire nerveusement, relevais la tête et plantais mon regard dans le sien. « Tu sais c’est marrant, la dernière fois que l’on s’est vu jdisais je t’aime, je crois et tu te barrais en pleine nuit. Alors même si j’étais mort, qu’est ce que ça peut bien te foutre ? » Je la laissais ruminer sa connerie et appelais Elie. Réa était en face de moi ? Et alors ? «  Ouais Elie, non jpourrais pas prendre la moto. Je sais, je suis même pas sensé la prendre. Mais je les emmerde les médecins. Si tu les écoute je devrais passer mon temps à dormir ou allongé. Non marcher risque pas d’arriver. Ouais. Nan pas tout seul. Réa. Oui celle-là. Non crois-moi ce n’était pas prévu. Apparemment j’étais mort, t’étais au courant ? Exagère pas c’était un ptit coma hein pas de quoi fouetter un chat. C’est ça j’ai failli crever nianiania. Ton disque est rayé Elie. Oui c’est ça je minimise. Viens me chercher ou je tente la moto quand même ! Ok j’attends toute façon tu pensais quoi que j’allais faire un marathon ? Juste mal à la main comme dhab. » Et là je me souviens que Rea est toujours là. «  Qu’est ce que tu veux Rea ? T’es partie. Et c’est toi qui devrais être en colère ? Au passage je drague qui je veux. Tu sais pourquoi ? Je n’attends rien d’elles, comme je n’attends plus rien de toi. J’ai eu un accident en moto, j’ai passé un mois ou deux je sais plus dans le coma, je me suis réveillé fin de l’histoire. Et encore une fois je ne vois pas ce que tu en as à foutre. » J’avais qu’une envie qu’elle se casse, qu’elle me laisse vivre ma vie tranquille. Mais non, il s’agissait de Rea elle ne savait pas ce qu’elle voulait et elle passait son temps à faire chier les gens.